L'archétype de l'Amoureux se caractérise par une grande passion, une grande dévotion pour une ou des personnes, pour toute activité, pour tout objet concret ou abstrait comme les arts tels la musique, la peinture, le jardinage, la nature, etc...
Il porte une affection profonde et sincère à l'objet de son amour. Cela peut être débordant au point d'influencer l'organisation de sa vie et de son environnement, à l'image du champ magnétique de l'aimant. Étymologiquement d'ailleurs, l'amour est la force qui attire et retient les aimants ensemble.
Dans sa part d'ombre l'Amoureux se manifestera sous forme d'une passion exagérée, obsessionnelle, au point d'avoir des effets destructeurs sur sa santé mentale et/ou physique, ainsi que sur son estime de lui-même.
Il peut prendre la forme d'un collectionneur invétéré, voir convulsif, jusqu'au cynisme tel l'archétype du Don Juan, ou le couple Valmont-Merteuil des Liaisons dangereuses. L'objet de l'amour y devient purement auto-centré, égotique, niant à l'autre toute forme d’existence indépendante du désir que l’amoureux projette sur lui. Cela pourra motiver des comportements de jalousie reposant sur la croyance de posséder l'autre comme étant sa chose.
Ces mécanismes peuvent mener l'amoureux, comme l'amoureuse, à commettre des actes 'd'amour' sombres, pouvant aller jusqu'au viol ou la destruction réelle et symbolique de l'objet reflet de son amour narcissique pour ne pas qu'il lui échappe.
L'Archétype de l'Amoureux est également l'arcane VI du Tarot de Marseille. On y voit un homme entre deux femmes couronnées de fleurs, il est tourné vers l'une qui pose la main sur le cœur de l'amoureux mais regarde l'autre qui pose la sienne sur son épaule droite. De sa mains droite, l'amoureux désigne la femme qui tient son cœur, il semble dire : c'est elle. Au dessus : un angelot, identifiable au cupidon, pointe une flèche avec son arc. Dans certaines versions, le cupidon a les yeux bandés : l'Amour est aveugle. Cette arcane est sensé parler de l'indécision, d'une situation où un choix est encore à faire, de ce genre de choix qui déterminent l'avenir. On pourrait aussi y voir un couple qui regarde une personne couronnée de laurier qui nous tourne le dos. Elle symboliserait l'invitation à la reconnaissance de l'observateur vers ce couple légitime, suggérant ainsi que le choix de la légitimité est toujours glorieux.
L’indécision suggérée et les yeux bandés de cupidon nous rappelle également cet adage : L'Amour rend aveugle. En effet l'Amoureux ne voit que les bons côtés de l'objet de sa passion, pouvant le conduire à nier ce qui irai à l'encontre de sa passion. Il développe alors des stratégies de déni, une relation de co-dépendance, des raisonnements faux et absurdes pour expliquer l'inexcusable et l'illogique.
Dans cet aspect de choix et d'indécision, l'Amoureux vient également parler des passions indéfinies, bancales, nous portant à croire que notre enthousiasme est de l'amour que nous portons à toutes les personnes que nous rencontrons, tombant amoureux toutes les 5 ou 10 minutes. La collection des relations amoureuses simultanées, énoncée comme étant du 'polyamour', est une tentative ayant une apparence de logique pour justifier l'archétype de l'amoureux de son indécision et de l'instabilité caractéristique qui en découle. Cela permet au passage de rationaliser de façon illusoire les mécanismes de réification de l'autre au services de ses propres désirs, opérant une synthèse entre infidélité, polygamie, polyandrie, échangisme, prostitution, soumission, etc., etc.
Qu'est-ce d'amour, comment le peut-on peindre ?
Si c'est un feu dont l'on ouïe chacun plaindre,
d'où vient le froid qui amortit un cœur ?
Si c'est froideur qui cause la chaleur,
dont toute l'eau ne peut jamais éteindre,
ne peut jamais éteindre.
S'il est si doux ! Par quoi n'est donc moindre
l'amertume, s'il est amer sans feindre,
apprenez-moi d'où vient cette douceur :
Qu'est-ce ?
(la première chanson)
